samedi 6 février 2010

BAC PAS BAC, J'EMBARQUE!

Lorsque j’ai décidé d’étudier l’ostéopathie, j’ai bien sûr regardé les différentes écoles ainsi que les critères d’admission dans la région de Montréal. Mon choix s’est arrêté sur l’Académie Sutherland d’Ostéopathie du Québec, puisque c’était la seule école à offrir un programme à temps partiel qui n’exige pas de préalables spécifiques pour pouvoir suivre le programme. Malgré le fait que j’ai eu un parcours académique et de l’expérience pertinente à ce domaine, les autres écoles se sont obstinées au fait que je ne possède pas de BAC. L’ASOQ, malgré son ouverture récente à ce moment, me semblait un excellent choix étant donné l’ouverture, la philosophie qu’elle présentait. Tout le monde peut devenir ostéopathe, si on mets les efforts bien sûr!

La philosophie ostéopathique transparait partout: la façon d’enseigner, la façon dont nous devons étudier, les examens, les travaux, les discussions, etc. C’est d’une nouvelle façon que je vois l’anatomie, la physiologie et la biomécanique du corps humain, où l’on nous montre en plus tous les liens importants, base même de l’ostéopathie. Nous devons COMPRENDRE la matière et non l’apprendre par coeur, et la répétition des notions permet de bien retenir la matière. Cette approche unique rend l’apprentissage beaucoup plus facile et agréable de toute la complexité du corps humain.

Je remarque que même le déroulement des cours ainsi que les techniques enseignées sont complètement différentes des autres écoles. Plus de 80% du temps des séminaires est utilisé pour la pratique des techniques, ce qui veut dire que dès le jour un, l’écoute et/ou le toucher du futur thérapeute se développe. Les deux premières années sont surtout axées sur les pompages ostéo-articulaires et le travail fascial, dont la qualité d’enseignement et l’angle d’étude abordé sont à eux seul une grande force de l’école. De plus, des exercices d’autonormalisation sont inclus dans la formation, afin de pouvoir impliquer le patients dans le processus de traitement et ainsi soutenir le travail effectué par l’ostéopathe. Les ELDOA, les étirements myo-fasciaux, la gymnastique vasculaire et les exercices respiratoires permettent une responsabilisation du patient face à sa santé, une coopération essentielle entre le thérapeute et le patient.

Par la suite, une multitude de techniques viscérales sont enseignées pour bien travailler chaque structure de l’abdomen, et cinq séminaires sont nécessaires pour couvrir le travail crânien. Ajoutons à celà le travail volumétrique, les différents diaphragmes du corps, le TOG, le médiastin, et nous allons même jusqu’à traiter les chaînes hormonales! À chaque séminaire, nous avons au moins une centaine de techniques, ce qui, au bout de 6 ans, nous fait une multitude d’outils pour aider nos patients.

Évidemment, pour nous aider à avoir des diagnostiques d’exclusion, il est indispensable d’avoir des cours de sémiologie. Le professeur nous enseigne donc différentes pathologies et symptômes pouvant exister, afin de savoir quand référer le patient à son médecin. Par contre, étant un médecin ainsi qu’ostéopathe, il nous fait réfléchir à ce que nos techniques peuvent faire pour aider le patient même si celui-ci va consulter son médecin. Les incidences physiologiques de nos techniques sont donc complémentaires au travail du médecin, et par ce cours, nous apprenons l’application pratique en lien avec différentes pathologies.

En résumé, l’ASOQ est pour moi une école hors du commun qui est très complète dans son enseignement, et respecte la complexité de l’être humain en étant elle-même complexe dans son enseignement. La philosophie appliquée dans son ensemble nous permet de changer notre être, notre perception des choses ainsi que notre savoir-faire. C’est mon intime conviction qu’avec des années d’expérience en plus, graduer de l’Académie Sutherland fait de nous un ostéopathe de haut niveau

 DE COMPLIQUÉ À COMPLEXE...

Cette école a été fondée, en 2001, en respect de la philosophie traditionnelle. C’est une formation complète qui permet d’être un ostéopathe au bout de 6 années d’étude.

L’accès à ces études de haut niveau est donnée à tous, puisqu’elle ne nécessite pas de préalable spécifique. En effet, il faut manifester un intérêt pour l’ostéopathie, dans une lettre ou une entrevue. Les non-initiés devront seulement mettre plus d’effort pour l’acquisition des sciences de base. Mais lorsqu’on investit autant d’argent et que la passion y est, qu’est-ce que c’est d’y mettre beaucoup de temps et d’énergie pour réussir!? W. G. Sutherland était journaliste à la base avant d’être ostéopathe… ce qui ne l’a pas empêché d’être l’un des pères fondateurs de l’ostéopathie et d’introduire la thérapie au niveau crânien, qui est maintenant un pilier dans le traitement.

Guy Voyer D.O. est le directeur pédagogique de l’ASOQ, et a bâti un programme qui respecte l’approche globale de Still. Nous avons 6 ans pour changer une mentalité analytique et cartésienne, et il a choisi de nous faire comprendre le tout par différents moyens. En plus de lire l’historique de l’ostéopathie, soit Still, Littlejohn et Sutherland, nous devons lire les écrits du philosophe Edgard Morin et ceux de Joël de Rosnay pour son approche systémique, sans oublier les échanges que nous avons parfois à l’intérieur des cours. À travers ce cheminement, on ne peut que finir par changer notre façon de voir les choses et devenir plus ouvert, prêt à s’adapter à tout obstacle tout en étant à l’aise dans cette insécurité, tout en ayant l’idée de la relativité. Je crois qu’il est important de changer notre raisonnement afin de devenir complexe, tout comme le corps humain l’est.

Toujours dans l’optique d’être ouvert et d’intégrer différentes notions, nous devons effectuer des stages d’observations durant nos 6 ans d’études. Bien sûr il doit y en avoir avec Guy Voyer pour bien voir ce qu’il nous enseigne, mais nous devons aussi observer des ostéopathes de d’autres écoles. Même dans la façon dont les examens sont construits, en questions de synthèse qui permettent d’imbriquer nos différents acquis, nous devons développer un esprit critique et une rapidité de réflexion, pour ensuite bien mettre en mot notre mode de raisonnement.

Il est évident que devenir complexe en tant que thérapeute nous aide pour traiter la complexité du corps humain, mais la richesse de la philosophie enseignée à l’ASOQ s’applique à toutes les facettes de notre vie et la rend ainsi plus facile!

Jean-François Ladouceur, étudiant 5ième année ASOQ