dimanche 31 janvier 2010

RIEN N'EST LINÉAIRE, TOUT EST MOUVEMENT!

Dès la première minute du premier jour du premier cours d’ostéopathIe auquel j’ai assisté, j’ai su que cette philosophie d’enseignement était en complète harmonie avec ma philosophie de vie. Et cette philosophie s’exprimait non seulement dans le contenant, la forme d’enseignement, mais aussi dans le contenu. Le discours me faisait vibrer. En six ans, j’ai étudié, étudié, étudié, pratiqué, pratiqué, pratiqué. Ce que j’y ai acquis, ce sont des connaissances scientifiques extrêmement complètes et complexes. Ce que j’y ai pratiqué, c’est un art qui se sert de ces connaissances pour s’exprimer. À la fin de ces six années, je n’allais plus jamais voir le corps humain de la même manière. Je m’étonne encore de toutes ces connaissances anatomiques que j’ai.

De la simple structure musculo-squelettique d’une coxo-fémorale à la portion cartilagineuse du conduit auditif externe. Cette dernière offrant insertion au fascia cervical superficiel, la connaissance des liens de continuité et de contiguité me font passer par la ligne blanche du cou, le fascia cervical moyen, le ligament sterno-péricardique supérieur, le péricarde, ligament sterno-péricardique inférieur, le diaphragme, les replis péritonéaux de l’abdomen, le fascia transversalis jusqu’à l’iliaque, les fascia des fessiers se terminant dans le deltoïde de Faraboeuf, jusqu’à la coxo-fémorale, reliant ainsi les deux structures...

S’ajoutent à ces connaissances, la physiologie (que ce soit celle des glomérules rénaux ou des bâtonnets de l’œil) la biomécanique, la sémiologie. Je n’aurais pu mettre en lien tous ces éléments si ce n’eut été de l’enseignement. Rien n’est linéaire, tout est mouvement. Mon apprentissage a été un processus, non une procédure. Il n’y a pas de bonne ou mauvaise réponse dans ce type d’enseignement mais plutôt un cheminement et surtout, la compréhension. Ça m’aura pris trois avant de « comprendre » le corps humain. Maintenant cette compréhension fait partie de moi. Toutes les connaissances acquises ne me quittent plus. Quand je pense à mes études dans des institutions scolaires où on me validait par des choix de réponses, il ne me reste plus beaucoup de ces connaissances apprises par cœur. Ce que je retiens de mon apprentissage à l’Académie Sutherland d’ostéopathie c’est l’intégration de connaissances qui font de moi une ostéopathe de haut niveau. Et cet enseignement continu chaque jour de ma vie.

ENTRE LES LIGNES...

Je ne fais pas partie de ceux qui ont choisi de devenir ostéopathe. Ce fut un concours de circonstance, une écoute de la vie qui m’a menée directement assise face à un drôle d’homme qui, m’avait-on dit, se nommait Guy Voyer. À l’écouter parler, ce n’est pas les grands principes ostéopathiques qu’il élaborait qui m’ont premièrement interpellé. Ce n’est pas non plus l’ampleur des connaissances scientifiques. C’est le comment, le mode de transmission des connaissances, le « entre les lignes ». Tout semblait rond dans ses explications, global, inter-relié, tout avait tellement de sens! Je poussais un soupir de soulagement en me disant « enfin! ». C’est ainsi que la vie m’apparaissait jusqu’à ce jour et quelqu'un arrivait à le mettre en mot, à en faire une philosophie dans l’approche de son travail, une philosophie de vie. L’approche philosophique qui vit, vibre à l’Académie Sutherland, c’est celle-là qui donne le petit plus à cette thérapie si efficace. Parce que les connaissances scientifiques, la maitrise de l’anatomie, de la biomécanique, de la sémiologie, la pratique des techniques, tout bon thérapeute peut les transmettre. Mais la compréhension du corps humain, de la vie qui vibre à l’intérieur des cellules et comment nous, ostéopathe pouvons interagir avec cette vie, seul quelqu'un empreint de cette philosophie donne aux connaissances scientifiques nécessaires, l’envol vers un niveau supérieur de pratique thérapeutique.

NOUVEAU PATIENT, NOUVEAU DÉFI

Mon travail comme ostéopathe ne cesse de m’étonner chaque jour. Les connaissances que j’ai du corps humain et la vision globale et complexe que j’en ai me permettent de traiter et de faire un bout de chemin vers l’équilibre, vers la santé de chacun de mes patients. À chaque personne qui entre dans mon bureau : un nouveau défi. À chaque personne qui en sort : un accomplissement, si petit soit-il. Parce que l’ostéopathie n’est pas de la magie. Mon travail est d’évaluer, comprendre la personne que j’ai devant moi, son histoire, ses lésions, ses douleurs. Mon travail c’est sentir, voir comment ces lésions se sont organisées dans le corps, quels chemins elles ont pris. Mon travail est d’utiliser l’outil le plus simple mais le plus merveilleux du monde, mes mains, pour normaliser ces lésions, équilibrer différentes structures entre elles, faire relâcher les tension, soulager. Mon travail c’est aussi d’être outillée pour donner des exercices d’auto normalisation à mes patients pour qu’ils prennent la responsabilité de leur bien être. Je ne suis qu’un petit plus à leur atteinte de la santé, je suis de passage dans leur vie parfois pour une heure, parfois pour quelques semaines, quelques années… Alors non l’ostéopathie n’est pas de la magie. Mais combien de fois je peux entendre dans une semaine, « tu as fais de la magie! » Et combien de fois mes collègues me disent entendre la même chose!
 
Je suis outillée pour comprendre mon patient, je suis outillée pour traiter mon patient, je suis outillée pour le conseiller dans la recherche de l’équilibre de son corps. L’histoire de l’ostéopathie nous parle des premiers ostéopathes comme des rebouteux. Ajoutons-y toute la philosophie de complexité et de globalité transmise à l’Académie Sutherland, tout l’art de l’écoute et du toucher enseigné par Guy Voyer et vous aurez accès à une ostéopathie riche, vraie, pleine de liens et d’interactions. C’est ce que je m’efforce et me plait à appliquer à chaque heure que je passe dans mon bureau de travail et les résultats sont gigantesques.
 
Marie-Hélène LEMAY-DROLET, D.O.